Besoin d'un graphiste? Discutons de votre projet

Avant de changer les appels d’offre, faisons un petit bilan des pertes et profits!

Appels d’offre, quand on sait que :

  • 95% des créations d’un AO de la communication vont à la poubelle.
  • À peine 15% des frais supportés par les entreprises pour répondre à l’AO* sont rémunérés.
  • 95% de l’énergie dépensée à la réponse de l’AO est perdue

Il est légitime de dénoncer ces abus.

Comment Enora de Coquelicom est arrivé à une telle conclusion?
Peut on faire rimer appels d’offre, développement durable et Economie Sociale et solidaire?
L’argent public ne pourrait-il pas être mieux utilisé?
La création graphique est aujourd’hui soumise aux appels d’offre. Coquelicom défend des valeurs à travers sa charte. Sa méthodologie est aussi au service du projet graphique de ses clients.
Alors pourquoi aujourd’hui est-ce si compliqué pour une structure se revendiquant des valeurs de l’ESS, de répondre aux appels d’offre du secteur public?

Pourquoi chez Coquelicom on ne répond quasiment pas aux Appels d’Offre?

  • Demandes de créations gratuites ou « indemnisées » en général à hauteur de 10% du vrai montant de la demande
  • Non respect du code de la propriété intellectuelle ( cession de droit totale, tous supports, qui couterait 2 fois plus que le prix de la prestation)
  • Impossible pour une petite structure de mobiliser 20 jours de travail non rémunéré
  • Contre l’esclavage

En rentrant hier, sur mon vélo, j’ai réfléchi au bilan carbone d’un AO*. Et si on calculait le bilan carbone et le prix réel d’un AO? Je n’ai ni les outils, ni les logiciels pour, je vais donc illustrer ce propos par des chiffres moyens (en tous cas pour les indemnités des AO) que j’ai pu glaner en épluchant les appels d’offres.

Plantons le décor d’un Appel d’offre de la communication graphique

Le contenu de base de l’appel d’offre  :

Appel d’offre d’une grosse institution, séparé en 5 lots. En plus du dossier de candidature, nous devrons fournir des créations indemnisées 1000€ par réponse (demande de cession de droit totale, qui coûterait une fortune, nous allons donc baser notre calcul de prix sur le temps de travail, HORS cession des droits d’auteur) :
Pour chaque lot, chaque réponse doit contenir les créations suivantes :

Les dépenses réelles engagées par les entreprises qui répondent à cet AO :

Admettons que cette création soit évaluée à 10 000€ (10 jours X 2 personnes à un prix moyen de 500 euros jour pour nos agences toulousaines).
Admettons que 20 agences y répondent et mobilisent 2 à 3 personnes (voir plus) par projet pendant 10 jours. (Admettons 10 jours, comment faire une stratégie et une créa pour une institution en moins de temps???).

  • 200 000 € c’est ce que coûtent les créations demandées pour la réponse à l’AO = 20 x 10000€
  • 400 jours de travail : Ce sont les ressources humaines engagées, soit 2 x 10  x 20
  • 2800 Kw  c’est la dépense énergétique** des ordinateurs : 2  x 7h x 10 j x 20
  • Passons sur la dépense énergétique moyenne pour se rendre au travail, l’électricité dépensée au bureau pour l’éclairage, les appareils divers que ne je n’ai pas les moyens de calculer justement. J’ai bien cherché des chiffres sur l’INSEE mais pas trouvés pour illustrer mon propos.

Ce que l’appel d’offre va coûter à l’institution, ce qu’elle va valoriser :

Sachant qu’1/20 agence va être retenue et donc rémunérée pour cet AO

  • 30 000€, soit 15%  C’est ce que dépense la collectivité pour l’AO (nous ne comptons pas les frais en interne, cela ne change rien au prix que cette réponse coûte à une entreprise) = 1000 x 20 + 10000€ du coût de la prestation du gagnant
  • 140Kw l’énergie qui va être valorisée sur les 2800 Kw dépensés 2800/20 = 140Kw
  • 20 jours de travail : Ce sont les ressources humaines valorisées, soit 2 x 10 j x 1

Bilan d’un Appel d’offre de la communication = environ 95% de déchets non recyclés

  • 95% du temps passé sera perdu
  • 95% de l’énergie dépensée sera perdue
  • 95% des créations iront à la poubelle
  • 95% des ressources mobilisées l’auront été pour rien
  • 15% du coût réel de l’AO sera pris en charge par l’institution
  • 85% du coût de l’AO sera à la charge des entreprises de la communication
  • 380 jours de travail seront mis à la poubelle
  • 200 000 € de travail engagé pour une prestation qui vaut 10 000€
  • 30 000 € de coût pour l’institution pour une prestation qui vaut 10 000€

Il est temps de changer les Appels d’offre de la communication visuelle !

Quand on sait que nos institutions sont engagées sur des questions d’écologie, de développement durable (ARPE,  ADEME,  RARE, communauté d’agglomération, collectivités, ministère du développement durable…), de recyclage, d’énergie, de gestion des déchets…

Quand on sait que l’économie sociale et solidaire est aujourd’hui représentée dans les plus hautes sphères de nos institutions, jusqu’au gouvernement (Benoît Hamon a du pain sur la planche :-D).

Quand on sait que certains de nos élus soutiennent l’ESS (Je salue leurs actions car je sais qu’ils ne sont pas majoritaires dans les institutions et que la bataille est rude), sont à l’écoute de notre Économie Sociale et Solidaire et essaient de changer ces AO et cette commande publique souvent irresponsable (pour la communication en tous cas).

Quand on nous parle ISO 26000 (qui prend en compte les parties prenantes donc les prestataires) à tout va, la RSE et j’en passe.

Quand sait tout ça et si on veut que l’ESS soit l’économie de demain, alors, il est bien difficile de faire cohabiter ces AO* avec les mots Economie Sociale et Solidaire, Développement Durable.
Je m’autorise quelques questions pour nos institutions :

  • Comment peut-on assumer un bilan aussi médiocre?
  • Comment peut-on accepter de dilapider l’argent public en payant 3 fois le prix d’une prestation?
  • Comment peut-on prôner le développement durable et accepter une telle perte d’énergie?
  • Comment peut-on d’un côté valoriser une économie plus soutenable et de l’autre participer à la paupérisation et à l’exploitation d’un secteur d’activité et la dévalorisation de la création?

Déjà en 1789, on promulguait les droits de l’homme « Tous les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ».
Sachant que la France est le pays « des droits de l’homme », du travail rémunéré, du SMIC, des conventions, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, comment cautionner ce travail non rémunéré (ou sous-rémunéré)?

Devons-nous conclure que les créateurs & les communicants sont des sous-hommes et n’ont pas les mêmes droits que les autres?
L’argent public ne pourrait-il pas être géré plus efficacement ?

Notre Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, ne voudrait pas se pencher sur ces pertes colossales d’énergie ?

Dans la vraie vie, pouvons-nous aller chez 10 boulangers, leur prendre à tous une baguette et ne payer que le boulanger dont vous avez aimé le pain? Alors pourquoi le fait-on pour les appels d’offre de la communication?

*AO = appels d’offre
** calcule basé sur : Un ordinateur a une puissance de 400 W soit une consommation de 400 watts par heure.
Combien coûte 1 Kilo Watt (soit 1 000 Watts) ? Environ 12 centimes d’euros.
400 /100 * 0.12 euro = 0.048 euros.

 

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5 réflexions sur “ Et si on changeait les appels d’offre de la communication graphique? ”

  1. Hello,
    Tout à fait d’accord avec vous MAIS : quand on se lance et que l’on a pas de clients, il me semble tout de même « intéressant » de répondre à une AO. (intéressant étant sous guillemets).
    Le manque de clients peut se compenser par les AO, à conditions de ne pas en faire trop évidemment.
    Toujours est-il que la règle numéro un d’une AO c’est : l’esclavage.

  2. Bonjour,
    Si on part du principe qu’un appel d’offre n’est pipé à la base…
    Sans clients, de toutes façons l’AO a peu de chances d’être gagné.
    J’ai démarré sans un client, sans réseau, pour autant j’ai fais le choix de ne pas cautionner ce genre d’AO en boycottant, en sensibilisant (courrier par exemple).
    J’ai préféré la vraie vie, les vrais clients même plus petits, qui savent que tout travail mérite salaire, qui sont dans le business comme moi et pour qui je ne fais jamais de création avant signé un contrat.
    Aujourd’hui si je fais le bilan ce n’est pas un mauvais choix. Je n’y ai rien perdu, j’ai même gagné du temps.

  3. Salut Enora,

    J’ai pris un peu de temps pour commenter, boulot oblige :). Ceci dit, j’étais quasiment sûr d’être en phase avec toi, et malheureusement mon constat est similaire au tien.

    Notre agence répond régulièrement à des AO ou consultations publiques sur des projets que l’on trouve intéressant (démocratie participative, engagement RSO…). Au final, le constat est malheureusement sans équivoque :
    – des demandes de créations graphiques en amont dont effectivement 95% qui partent à la benne
    – une méconnaissance des prix du marché voire une méconnaissance des prestations demandées
    – une dissociation du dossier technique et du prix.
    – une mise en concurrence hallucinante quant au nombre d’agences interrogées…

    Bref, on y passe beaucoup de temps pour au final être souvent frustré du résultat (pour notre part 5 fois 2ème sur 7 AO, 1 remporté…).

    C’est dommage à mon sens car il y a de vrais beaux projets à mener et je serai curieux de connaître le niveau de satisfaction du donneur d’ordre, une fois la prestation achevée.

    Quant à ton analyse sur l’impact, le gouffre est tellement abyssal que je n’ose même pas m’y pencher… tant le développement serai long 😉

  4. Coucou Enora, j’aime la fronde à tous les sens du terme…Mais dans la vraie vie le travail est devenu au fil des siècles un acte d’esclavage , ne pas le subir est un vrai acte de courage…

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